Comme une envie de voyage

Tandis qu’entre les êtres humains naissent des lignes invisibles, délimitant les contours d’espaces clos et solitaires
Tandis que nos pensées rebondissent sur des portes calfeutrées
Tandis que nos imaginaires, exfiltrés du monde, s’effilochent et s’endorment

Les paysages se tiennent là, majestueux et conquérants, avec leurs oiseaux et leurs rongeurs, en paix pour une fois, leurs voies aériennes, muettes pour une fois, leurs routes, désertes pour une fois

Les routes ont un point de départ et un point d’arrivée. Entre les deux, l’espace et le temps, l’à-venir, le possible et l’imprévu, le mouvement.

Une carte postale.
La photo du recto montre une montagne rougie par un soleil tout aussi rouge, coupée par une route bordée d’herbe sèche, un coup de pinceau sombre sur la carte. Le point de départ de la route se trouve en deçà de l’image, le point d’arrivée au-delà, l’à-venir et le mouvement sur l’image.

Les destinations parallèles de la carte et de la route se croisent. L’une apporte des mots, soit la possibilité d’un lien, l’autre apporte de l’espace, soit la possibilité d’un monde.

Car sans espace le monde n’est rien; l’espace sclérosé est un espace sans potentiel, le monde sans potentiel un monde désolé.

« Le monde de la vie, c’est le monde des lieux où le désir peut prendre et se charger en réalité, c’est le monde des espaces ménagés à la vie créative. (…) Sans nul doute il y a un monde intérieur de la psyché et un monde extérieur des choses, mais il existe également un lieu où l’expérience se constitue, s’unifie, s’organise, et ce lieu n’est ni dedans, ni dehors. Ce lieu où nous vivons, au sens fort du terme, c’est-à-dire où nous faisons nos expériences, où nous nous promenons la plupart du temps, c’est l’espace potentiel. (…) L’intérieur est à l’extérieur. »
Emmanuel Belin. Une sociologie des espaces potentiels. Logique dispositive et expérience ordinaire. De Boeck Université, 291 p., 2002 (pages 89 ; 98 ; 129)

David Lynch & Lykke Li; I’m waiting here.

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