Monthly Archives: avril 2013

Arménie, la croisée des chemins

L’Ararat, montagne majestueuse, culmine a 5165 m d’altitude. Symbole de Araratl’Arménie d’aujourd’hui comme de l’Arménie perdue d’hier, il est entièrement situé en territoire turc. Pourtant les arméniens le guettent chaque matin, attendant que, comme une jeune fille pudique, il sorte de ses voiles nuageux. Quand il apparait on ne voit plus que lui, d’Erevan  à tous les villages de la vaste plaine qui lui fait face.

Pourquoi parler d’une montagne alors que 10000 autres aspects de la vie quotidienne pourraient être évoqués pour dessiner un bref portrait de l’Arménie? Parce que l’Ararat porte le récit fondateur d’un peuple (avec un peu de chance le voyageur perdu à son sommet pourra butter sur un vestige de l’arche de Noé), parce qu’il symbolise l’attente et la détermination, parce qu’il est le stigmate d’un conflit attisé de part et d’autre de ses versants par les mémoires vives des habitants. L’Arménie, petit pays à l’histoire complexe et tragique, qui lutte pour exister toujours, arche de Noé des arméniens dispersés aux quatre coins du monde, est la gardienne d’une identité intégrant orient et occident, Asie et Europe. S’y plonger pour savoir d’où l’on vient. Pas sûr cependant qu’elle indique où aller, ou alors les panneaux indicateurs sont écrits dans un langage qu’on ne comprend pas. Peu importe, l’Arménie se conjugue au présent du verbe être. Car se tenir debout aujourd’hui à cette place est déjà une belle victoire.

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On avait le doré du couchant

On avait le doré du couchant
Les ombres lâches
Les lézards nichés dans les pierres
On avait nos songes
Délicats, vifs, gais
On avait nos mains jointesP1000586
Un cœur battant en leur creux
Passait la guerre et ses convois
On était loin
Enfouis dans les roches
Enfants cachés surpris par la nuit
Attendant le matin perdu dans les limbes.
On avait nos lèvres
Pressées sur un désir
Une parure pour le reste à venir
On avait nos vies
Sinueuses, fugaces
Mêlées à la caresse du petit jour
On avait l’horizon
Le pont rose des deux rives
Nous deux assis
Encerclés de miroirs profonds
Cherchant à leur surface
Qui de l’ombre de l’un enveloppait si bien l’autre.

H. T.-V., avril 2013

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Le long maqâm d’Istanbul

Les rues d’Istanbul sont trop étroites pour que le trafic y soit dense, le Bosphore et la Corne d’or aèrent la ville nuit et jour, les places des mosquées sont larges etP1030520 leurs abords respectés… Rien ne fait obstacle à la musique qui se déverse dans la ville. Sur la ville plutôt car la première musique que l’on entend, et cela 5 fois par jour est celle du muezzin, qui rivalise avec son voisin de la mosquée d’à côté. Les chants se superposent lorsqu’ils ne se répondent pas, il faut se faire entendre, et c’est surtout par le timbre de sa voix et la beauté de son chant que le muezzin captera les oreilles des passants.

A ces maqâmat (pluriel de maqâm, système musical du Moyen-orient) se superposent dès la nuit tombée les musiques de tous horizons. En poussant la porte d’un bar, on écoutera au hasard une mélodie grecque, du rap turc, un DJ jouant sur sa culture à mi chemin entre orient et occident, ou de multiples musiques saturées, comme il se doit dans toute bonne capitale. Plus de 70 cultures se côtoient dans cette ville : imaginez les combinaisons musicales possibles.

Quelques extraits :

Chants mystiques du Shah Ismâl’il Hatayi (1487-1524), poète et fondateur de la dynastie Safavide:
Ey Erenler
Chants interprétés par Hüseyin Albayrak et Ali Riza Albayrak, dans la tradition des alevi-bektachi, une des branches soufie de l’Islam (on en connaît vue d’occident les derviches tourneurs). Ces chants sont accompagnés au saz (appelé aussi baĝlama).

Dans un autre registre, celui des  « musiques actuelles », représentatives du mélange d’influences musicales caractéristique de ce pays :
Arayam derdimin carelerini
Chant Devrim Kaya
Musique : Mahmut Erdal

Des musiques de différentes parties de la Turquie, collectées et jouées par des musiciens formés à la musique traditionnelle turque :
Giz senin derdinden
Chant de la ville de Tercan, dans la province de Erzincan (Anatolie orientale, nord est de la Turquie).
Kolo ile T.H.M. ezgileri, Halimiz Ahvaliliz 8

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