 Autour de moi les voix passent, intermittentes, sur la terrasse. Je tente de déchiffrer les accents du groupe de randonneurs qui marchent sur le chemin en contrebas. Je leur en veux de brouiller mon écoute du vent et du ruisseau. Le murier qui se penche sur eux ne pense pas autre chose. Le dernier soleil de la journée éclaire le haut de la gorge. La fille aux lunettes de soleil rondes de la table d’à-côté m’effraie un peu. Copie anachronique d’une petite Janis Joplin égarée sur la Terre. Je ne reconnais pas mon paysage. Je sais que j’ai dansé toute la nuit sur le terrain de pétanque, qu’il y avait plus de joie dans les arbres et dans les regards. Le vent souffle doucement, évitant la terrasse. Il veille sur nous, ne veut pas qu’on ait froid. Que nous partions prématurément. Que je reste seule, attendant le retour de la danse.
Autour de moi les voix passent, intermittentes, sur la terrasse. Je tente de déchiffrer les accents du groupe de randonneurs qui marchent sur le chemin en contrebas. Je leur en veux de brouiller mon écoute du vent et du ruisseau. Le murier qui se penche sur eux ne pense pas autre chose. Le dernier soleil de la journée éclaire le haut de la gorge. La fille aux lunettes de soleil rondes de la table d’à-côté m’effraie un peu. Copie anachronique d’une petite Janis Joplin égarée sur la Terre. Je ne reconnais pas mon paysage. Je sais que j’ai dansé toute la nuit sur le terrain de pétanque, qu’il y avait plus de joie dans les arbres et dans les regards. Le vent souffle doucement, évitant la terrasse. Il veille sur nous, ne veut pas qu’on ait froid. Que nous partions prématurément. Que je reste seule, attendant le retour de la danse.
Comme oubliée sur un banc
Comme loin de tout
Comme la première invitée du silence
Avec la cigale qui n’a pas achevé sa sérénade et qui cherche un écho.
Mais aujourd’hui, ce soir, ici, au bord d’un ruisseau qui coule derrière les grands frênes, je ne sais pas qui lui répondra. On dit les petits villages paisibles, mais les hommes sont bruyants par nature. C’est la cigale qui se taira la première, et moi je l’inviterais bien à une soirée d’hiver, sous un vent glacé, sans petites tables carrées sur une terrasse, sans verres qui tintent, sans âmes bavardes et affairées, et même sans moi après tout.
 
			 Parce que j’ai instauré dans ma vie ce message rituel de vœux, j’ai tendance à me rappeler assez nettement les évènements du tout début d’année. Plusieurs fois je me suis demandé s’il était possible d’envoyer des vœux de bonne année alors que celle-ci commençait très mal. Comment ne pas passer pour inconséquente ou naïve en souhaitant paix,  joie et force au monde entier (à mes amis du monde entier en fait, que les autres se débrouillent), comme me le rappelle chaque jour l’affiche bleue accrochée au mur de mon salon? Je dois donc dire que je ne m’attendais pas à une année commençant par une trêve, dans une guerre qui tue plus d’enfants que de belligérants. Si cette trêve ne devait durer que quelques jours, elle resterait ce qu’elle est déjà, un espoir de vie possible dans une terre qui accueille des populations qui n’en ont pas d’autre. Au même moment, et paradoxalement les deux évènements sont liés, un homme dangereux prend possession de l’Amérique. Je pourrais le noter comme le fait majeur de ce début d’année. Mais celui-ci a eu lieu le 5 novembre dernier, l’investiture de janvier n’en est que la continuité. Passez votre chemin, c’est en 2024 que le peuple américain a voté sa perte, 2025 le verra peut-être réagir…
Parce que j’ai instauré dans ma vie ce message rituel de vœux, j’ai tendance à me rappeler assez nettement les évènements du tout début d’année. Plusieurs fois je me suis demandé s’il était possible d’envoyer des vœux de bonne année alors que celle-ci commençait très mal. Comment ne pas passer pour inconséquente ou naïve en souhaitant paix,  joie et force au monde entier (à mes amis du monde entier en fait, que les autres se débrouillent), comme me le rappelle chaque jour l’affiche bleue accrochée au mur de mon salon? Je dois donc dire que je ne m’attendais pas à une année commençant par une trêve, dans une guerre qui tue plus d’enfants que de belligérants. Si cette trêve ne devait durer que quelques jours, elle resterait ce qu’elle est déjà, un espoir de vie possible dans une terre qui accueille des populations qui n’en ont pas d’autre. Au même moment, et paradoxalement les deux évènements sont liés, un homme dangereux prend possession de l’Amérique. Je pourrais le noter comme le fait majeur de ce début d’année. Mais celui-ci a eu lieu le 5 novembre dernier, l’investiture de janvier n’en est que la continuité. Passez votre chemin, c’est en 2024 que le peuple américain a voté sa perte, 2025 le verra peut-être réagir…











