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Pause musicale en Arménie

Musicien au paon« Sur la vie on ne peut écrire qu’avec une plume trempée dans les larmes», écrivait Cioran. Côté musique, la plume « enlarmée » pourrait être le doudouk, cet instrument arménien de la famille des hautbois. Il suffit de l’écouter pour s’en convaincre. Triste la musique arménienne ? Non pas, lorsqu’on sait que les larmes sont les gardiennes inestimables de notre humanité sensible, fragile, lumineuse dans sa capacité à éprouver la mesure de la vie. Lorsque le doudouk mêle ses larmes au vent qui le traverse, la terre se recueille à son passage. Ainsi que les hommes. Car qui ne voudrait pas être touché ?

Saren Goukayi (Je revenais de la montagne). Musique de Shéram

Sheram est un achough (ashiq en turc, achoughi en géorgien), ce qui pourrait se traduire dans notre langue par barde ou troubadour, c’est à dire un homme tout à la fois poète populaire, musicien, chanteur et compositeur, sublimant l’amour et la beauté partout où il passe. Sa musique mais aussi les chants traditionnels qu’il transmet nourrissent le répertoire des autres achoughs, qui assurent ainsi la transmission des chants. Les deux achoughs arméniens les plus connus sont Sayat Nova (mort en 1795 et surnommé « le roi des chansons ») et Shéram plus contemporain (mort en 1938).Musiciens arméniens

Les instruments traditionnels arméniens sont variés et sont toujours très joués aujourd’hui : kemenche (violon au long manche à 4 cordes qu’on joue dressé sur le genou), tar (instrument en forme de 8 à 5, 8, 11 ou 14 cordes, qui se joue avec un médiator en corne), saz (mandoline à très long manche et à 6 cordes), kanoun (cithare sur table de 72 à 75 cordes, qui se joue en pinçant les cordes avec deux médiators en corne fixés à chaque index par une bague de métal), shvi et srink (flûtes), zourna (hautbois très sonore proche de la bombarde), dohl et doumbeg (percussions), et d’autres plus connus comme l’oud, le kaval ou le santour.

Musique de danse traditionnelle de la région d’Abaron (Arménie centrale)

Quand la musique arménienne rencontre les instruments médiévaux occidentaux, cela réjouit nos oreilles :

Un chant très connu de Sayat Nova, Kani vour djan im, joué par Hesperion XXI, l’ensemble de Jordi Savall. Dans ce morceau se mélangent le doudouk, le rebec, la vièle à archet et les percussions.

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