Tag Archives: femme

8 mars, être femme (III)

woman in corridor Lucy Raverat« […] Et donc jeunes femmes
voici le dilemme
qui est en soi une solution:
J’ai toujours été à la fois
suffisamment femme pour être émue aux larmes
et suffisamment homme
pour conduire ma voiture dans n’importe quelle direction »

 

Hard drive (extrait), Hettie Jones, 1998. Beat attitude, femmes poètes de la Beat Generation (anthologie bilingue), Éditions Bruno Doucey, 2018

Peinture : Lucy Raverat

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Lumière

Femmes lumière

Les femmes sont des fées. De leur corps émane une lumière douce qui éclaire la nuit. C’est beau! On ne me l’avait jamais dit… Je ne serais pas une femme ?

Le grand vent, Laïs, Dorothea, 2001

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Soupçon de voile

Une femme dit : « Je veux être reconnue pour ce que je suis et non pour ce que je porte ». On est à Paris, en 2015, et cette femme porte un voile qui recouvre ses cheveux. Une autre femme dit : « Je ne veux pas qu’on me harcèle dans la rue parce que je ne suis pas couverte de la tête aux pieds ». On est à Alger, la même année, cette femme porte un tee-shirt à manches courtes. Même raz-le-bol de chaque côté de la Méditerranée, même impossibilité de jouir à son aise du corps que l’on désire, dans cette confrontation aux regards masculins qui impose à coup sûr de se conformer pour exister. Voile/HTV/lalignedecoeur

Dans ce débat qui n’en finira jamais sur ce que doivent porter les femmes, on ne va pas faire semblant d’être neutre et non concernée. On se sait capable de distinguer deux jumelles portant un niqab en tout point similaire, le simple éclat de leurs yeux trahissant leurs singularités irréductibles. Et on entend bien que dans la plainte de la femme voilée résonne celle de la femme qui ne peut découvrir ses bras.

On est pourtant du côté de la peau nue et libre, et même très intimement de ce côté. Pourquoi, puisque qu’au fond on ne voit pas bien où est le problème? Parce que… Voyons, comment dire…? Comment dire qu’être femme c’est aussi avoir un corps et en jouer? En user, pour le meilleur et le meilleur? Oui comment dire cela lorsque chaque parcelle du corps de la femme est scannée, jugée, neutralisée, barbisée, lorsque que toutes ces parcelles formant un corps malgré tout se retrouvent au final bien rangées derrière des voiles ou des faux semblants? Comment dire cela lorsque le simple fait de dire cela implique de porter vivant en soi un combat ingrat, difficile à comprendre et à accepter, et qui semble toujours à mener, jamais gagné? Oui, comment le dire?

« Nous dansons, car après tout c’est ce pour quoi nous nous battons :  pour que continuent, pour que l’emportent, cette vie, ces corps, ces seins, ces ventres, cette odeur de la chair, cette joie, cette liberté. »
Starhawk, Rêver l’obscur. Femmes, magie et politique, éd. Cambourakis, 2015
 Sulzi ronya ot dve tcherni otchi / Deux yeux noirs versant des larmes
Chant de femmes de Bulgarie, Ensemble Bisserov
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En tant que femme : Maria-Mercè Marçal

Dans ce blog se promènent des femmes inspirantes. Pour Maria-Mercè Marçal, parler en tant que femme c’est d’abord dire la part blessée du corps, c’est parler depuis son corps :

« Je me mets à genoux devant
le corpsP1010623
impur
obscène
mortel
premier
pays
vivant
cercueil
ouvert
d’où je
proviens
il n’y
a pas,
mère, d’autre naissance. »

C’est parler du monde indompté, de sa frange indicible :

« Je rends grâce au hasard de ces trois dons :
être née femme, de basse classe, de nation opprimée.

Et de ce trouble azur d’être trois fois rebelle. »

C’est collectionner l’éclat fragmenté des jours  :

« Je monterai la tristesse au grenier
avec le parapluie cassé, la poupée borgne,
le cahier périmé, la vieille tarlatane.
Je descendrai les marches dans la robe de joie
qu’auront tissée des araignées toquées.

Il y aura de l’amour émietté au fond des poches. »

C’est dire la dimension translucide de la mort  :

« Rien ne te sera pris : seul viendra
l’instant d’ouvrir
docilement la main
de libérer
la mémoire de l’eau
pour qu’elle se retrouve eau
de la haute mer. »

Maria-Mercè Marçal, Trois fois rebelle, éditions Bruno Doucey, 2013, pages 101; 9; 21; 87. Traduit du catalan par Annie Bats

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8 mars (II) : être femme

Conseils résumés en 50 points sur l’amour, la vie sexuelle et la vie conjugale

« La nature de la femme consiste entièrement en sexualité dans son sens large. Son mental et sa vie émotive sont un grand élan pour que cette sexualité s’accomplisse en amour, en dévotion et en maternité. C’est sa tâche la plus importante, son devoir et sa joie. (…) Beaucoup de filles écartées de force de leur profession de féminité réelle ont usé plus que leurs forces dans leurs études et leurs travaux ; elles ont été dé-féminisées, tandis que les hommes accablés par le souci et la lutte pour gagner leur vie perdirent leur jouissance de l’amour. »

Prague/HTV/lalignedecoeur.frAvant le mariage

12 N’épousez pas une personne que vous ne connaissez pas depuis quelque temps, six mois au minimum. Si possible, éprouvez votre compatibilité en passant des vacances dans le même lieu ou en voyageant ensemble.

15. Une femme ne devrait pas épouser un homme qui n’est pas bien éduqué sexuellement.

17. Il est imprudent d’épouser une personne incapable de tenir sa promesse ou qui de caractère faible s’efforcera d’y échapper par la boisson ou le jeu.

18. Une personne dont l’enfance fut malheureuse est un risque conjugal sérieux.

19. Une fille masculine et un garçon de type efféminé ne devraient pas s’épouser avant que tous deux n’aient progressé dans la caractéristique de leur sexe.

20. Une jeune fille qui veut épouser un fils unique court le risque d’être continuellement comparée à une mère supersensitive.

22. Un couple ne devrait pas s’épouser avant d’avoir eu le plaisir de se tenir les mains et de s’être embrassé. Car le baiser doit, par ses délices, attirer le désir sexuel.

23. Un baiser avec les lèvres couvertes de rouge empêche le parfait contact des lèvres et la véritable satisfaction.

Prague2/HTV/lalignedecoeur.frAprès le mariage

27. Si un homme épouse une jeune fille craintive, il ne doit pas l’approcher sexuellement avant qu’elle ne désire le faire, ni la forcer de le voir nu.

28. Chaque homme doit éviter de toucher le clitoris de son épouse, même si elle le désire. L’épouse doit apprendre à perfectionner la sexualité dans le vagin.

30. Pendant la durée complète de l’union sexuelle, les deux partenaires doivent lui accorder leur pleine attention à l’exclusion de toute autre chose. Ils doivent être complètement relaxés et ne pas converser l’un avec l’autre.

33. Chaque femme doit savoir qu’un organe sexuel humain est très sensible et qu’il possède une sorte de vie autonome, presque indépendante de celle de la personne.

35. Durant le rapport, l’homme ne devrait pas se placer sur sa femme, mais prendre une des positions décrites au chapitre IV.

37. Il faut éviter en toute circonstance, les préservatifs anticonceptionnels en caoutchouc ou en soie, etc., empêchant l’échange électro-magnétique, ce qui provoque le blocage nerveux.

47. Quand les femmes ressentent des désirs sexuels intenses mais irréalisables comme les veuves, les divorcées ou les femmes délaissées (spécialement au moment de la ménopause), elles obtiennent généralement d’excellents résultats en prenant une injection chaude pendant le bain, une nuit sur deux, d’une durée de dix à vingt minutes, en restant confortablement dans le bain. Ajouter au robinet de la baignoire une prolonge en caoutchouc. Le courant d’eau ferme, régulier, sans à-coup, délivre ou plutôt libère les tensions de tout l’organisme laissant la femme relaxée et paisible.

49. Une affinité subtile existe entre la maladie et les désirs d’amour inassouvis. Les hôpitaux et les docteurs seraient moins surmenés si une compréhension réelle de l’amour était plus répandue, afin qu’il s’exprime mieux.

Extrait de : La perfection sexuelle. Dr. Rudolf Von Urban, Nouvelles éditions Debresse, Paris, 1962. [Sex perfection and marital happiness, DIAL PRESS, INC New York, 1949]

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8 mars (I), naître femme

« En tant que femme, je n’ai pas de pays.
En tant que femme, je ne désire aucun pays.
Mon pays à moi, femme, c’est le monde entier. »

Virginia Woolf
Trois Guinées (1938), BlackJack éditions (2012)daguérotype femme

En 1938, alors que la guerre menace, Virginia Woolf poursuit son combat pour l’émancipation féminine et récuse le monde de violence élaboré par les hommes qui se réservent tous les pouvoirs. A l’époque, l’Angleterre est l’un des rares pays à accorder le droit de vote aux femmes. Pourtant elle récuse le terme de féministe. Pour elle le féminisme en tant que mouvement n’a plus lieu d’être dès lors que les femmes ont acquis les deux droits nécessaires à leur émancipation : le droit de gagner leur propre argent (soit le droit de décider de sa propre manière de vivre) et le droit de vote (soit le droit à la citoyenneté). Ce qui invite à repenser en d’autres termes ce qu’est être femme, et de fait comment agir « en tant que femme ». Les femmes se distinguent des hommes par des siècles de différentiation sexuée appliquée à tous les domaines de la vie : « Il est rare qu’un homme soit tombé sous les balles d’un fusil tenu par une femme; la vaste majorité des oiseaux, des animaux tués l’a été par vous et non par nous. ». Prônant une pensée radicale, s’opposant aux principes d’assimilation et affirmant la richesse des différences, elle plaide pour une position équitable des femmes face à l’hégémonie masculine. Pour répondre à la question qui sert de prétexte à ce livre, adressée par un homme à une femme : « comment pouvez-vous nous aider à empêcher la guerre ? », elle passe en revue les armes que possèdent les femmes pour aider les hommes dans ce combat. C’est à la société des « outsiders », marginaux dont l’histoire s’écrit à l’ombre des valeurs dominantes comme la compétition, l’appropriation et l’exclusion, qu’elle en appelle : « Le Dictateur est là, parmi nous, dressant son horrible tête, répandant son poison, il est encore petit, replié comme une chenille sur une feuille, mais il est au cœur de l’Angleterre. […] Et la femme qui respire ce poison, qui combat cet animal, secrètement et sans arme dans son bureau, ne combat-elle pas aussi sûrement les fascistes et les nazis que ceux qui les combattent avec des armes, sous les projecteurs ? […] Ne devrions-nous pas l’aider à écraser l’animal dans notre propre pays avant de lui demander de vous aider à l’écraser ailleurs ? ».

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